10.11.08

Fishing the White Lobster

Petite histoire pour débûter et expliquer le titre de l'article !

Comme vous le savez, blueEnergy travaille avec des communautés isolées de la côte Atlantique du Nicaragua. Ces communautés sont généralement multiéthniques avec des créoles (descendants d'esclaves noirs parlant l'anglais créole), des latinos descendants d'espagnols, et des éthnies indigènes plus anciennes comme les Ramas ou les Miskitos.

Généralement ces communautés sont composées d'une cinquantaine voire d'une centaine de familles vivant dans des conditions pour ainsi dire précaires, généralement dans des cabannes de bois sur pilotis en raison des fréquentes inondations durant la saison des pluies. La seule activité consiste à travailler la terre, élever quelques animaux et la pêche.

Il se trouve que les pêcheurs sont souvent les plus pauvres, mais parfois aussi les plus riches. La raison à celà est à chercher dans la cocaïne qui transite par la côte depuis la Colombie vers la Floride. Le traffic est dense, et assez régulièrement un bateau transportant de la drogue est identifié par les douanes. La seule solution est alors de jeter la drogue par dessus bord, et la pêche aux sacs de drogue abandonnés est devenue une activité lucrative.

Fishing the white lobster veut dire en anglais aller à la pêche à la langouste blanche, car c'est une pêche qui peut rapporter gros. Les trafficants connaissent très bien la côte et savent où récupérer les sacs de drogues abandonnés. C'est comme celà que s'est installé un commerce avec les pêcheurs du coin, ceux-ci revendant la drogue à leurs propriétaires qui contrôlent ainsi la zone de par leur influence économique.

Parmi les effets secondaires de ce commerce on trouve la drogue très présente dans les communautés avec des personnes qui du jour au lendemain se retrouvent bien plus riches que tout le reste de la communauté, ce qui engendre violence et problèmes au sein de la communauté. Avec l'argent facile viennent aussi les mauvaises habitudes et on voit apparaitre des gens qui pour aussi avoir de l'argent prostituent leur fille ou essaient de la vendre à un capitaine de bateau de passage.

A Bluefields aussi d'ailleurs la drogue est bien présente, soit de la cocaïne ou du crack, une version plus accessible car la poudre blanche est vendue et seul le crack qui est un sous-produit est consommé ici. Facile d'imaginer dans ce contexte les difficultés que peut rencontrer notre équipe de blueEnergy pour le développement d'une telle communauté. Et pourtant c'est la réalité avec laquelle se bat l'ONG depuis 4 ans. Celà explique aussi l'importance du travail de terrain et du volet social du projet.

Mais heureusement toutes les communautés ne sont pas comme çà et la côte compte aussi de fabuleux endroits, comme les Pearl Keys où nous avons passé le dimanche, partie de l'équipe et moi. Les photos parlent d'elles-mêmes, même si je dois dire pour être exact qu'un nord-américain a acheté l'île sur laquelle nous avons pris les photos en toute illégalité et paye une équipe de gardes permanents pour vérifier que les touristes comme nous ne prennent pas de photos de la maison qu'il y a construite.

D'ailleurs, difficile de savoir si c'est vraiment un nord-américain ou un trafficant qui l'a construite, car généralement sur la côte la sagesse populaire dit que toutes les grosses maisons sont la propriété de narcos. Ce qui parait plausible compte tenu qu'ici il n'y a pas d'entreprises, et que les seuls obèses sont les politiciens et policiers. Et puis après tout, les affaires entre narcos et pêcheurs ne sont pas très différentes de celles entre narcos et politiciens quand il s'agît de tisser un réseau d'influence.

Bref, quelques photos en plus du diaporama sur les Pearl Keys, les premières ayant été prises pendant la traversée aller en panga qui a été un peu mouvementée pour cause de vent et de panga pas vraiment adaptée à la mer.

En quittant Orinoco, près de Pearl Lagoon (blueEnergy y a un projet d'énergie prévu d'ici un an environ).

Petite photo de groupe prise sur l'une des îles. Tous sont des volontaires blueEnergy avec 3 pesonnes du bureau blueEnergy France à Paris de passage.




Cormac, Irish Style !


Pas vraiment de conclusion, comme souvent ici le meilleur côtoie le pire, l'enfer se cachant sous le sable blanc ou au contraire le sable blanc pour recouvrir la misère d'un voile au parfum de paradis.