30.6.10

Syngué Sabour

Je me rappelle qu'un jour, peu avant de m'embarquer pour cette aventure au Nicaragua je m'étais dit "si après çà je retourne à ma vie actuelle, ce sera parce que je serai déçu de moi-même ou du monde, ou des deux".

Cette phrase m'est revenue en tête alors que je lisais un livre dont le titre est celui de cet article, et qui signifie "la pierre de patience". Il s'agît d'une légende musulmane selon laquelle il existe une pierre qui absorbe toutes les souffrances, et que le jour où cette pierre éclatera, ceux qui lui auront transmis leur souffrance en seront alors défnitivement libérés.

A Bluefields les loisirs se font rares alors on lit beaucoup, et on écoute. Les histoires vont des drames quotidiens comme le choc frontal de deux pangas dans un coude de rivière isolé laissant quelques morts, à l'incendie d'une maison dû à une lampe à pétrole surprenant une famille dans son sommeil. Parfois ce sont des histoires personnelles plus dramatiques, un père devenu mercenaire durant la guerre et assassiné par des enemis d'un temps passé mais jamais oublié, l'assassinat d'un ami par des tueurs à gage en représaille à une intervention involontaire dans une lutte entre cartels de la drogue, le viol d'un bébé dans la maison de la mère sortie un instant et la vengeance de la famille contre cette dernière.

Plus rares sont les histoires qui finissent bien dans les endroits comme le Nicaragua, et immense est le besoin de se confier des gens, car ici se confier équivaut à se mettre en danger. Mais avoir une amitié ou une histoire plus intime avec une personne d'ici c'est ouvrir la porte à un type de relations que relativement peu de personnes ne souhaitent vraiment assumer. Peut-être certaines histoires sont-elles plus faciles à entendre lorsque l'on se trouve dans un monde qui n'est pas le sien, mais parfois une certaine appréhension à écouter une histoire nouvelle s'installe, une crainte de ce que l'on va entendre. On prête une oreille parfois fébrile comme l'on prêterait un mouchoir, pour écouter l'Histoire d'un pays où l'on ne meurt pas de faim mais de désespoir.

Apprendre à écouter c'est une bonne chose vous me direz, mais parfois trop c'est trop. On absorbe comme la pierre tant que l'on peut, on aide où on peut, on comble temporairement ce besoin d'une oreille à qui se confier, comme une pinoche pour boucher une voie d'eau en attendant une acalmie. Mais celà fatigue moralement, et il est dur de rester indifférent à ce monde impitoyable aux airs extérieurs de paradis. C'est alors le moment de se poser la question de pourquoi on est venu, et de ce que l'on souhaiterait laisser derrière soi.

En attendant j'ai l'impression d'avoir vieilli de 10 ans depuis que je suis arrivé, et ai entendu plus de drames durant ces 2 années que durant tout le reste de ma vie. J'aurai pinoché du mieux que je pouvais la coque en papier maché d'un bateau qui n'a pour boussole que l'espoir dérisoire d'un peuple qui a conquis sa liberté pour rien. Et au boût du compte je commence à me demander si ce n'est pas moi qui prends l'eau, c'est pourquoi il est temps de mettre les voiles avant d'éclater. La décision est donc prise, et le cap amarré au nord-est pour un retour à ma vie d'avant, le monde réel, peut-être.

Une autre chose dont je me rappelle à présent est une idée que j'avais discutée avec mon illustratrice préférée avant de partir, celle de me créer un personnage imaginaire pour raconter ces histoires que j'ai racontées dans ce blog. Je me serais alors autorisé des distorsions de la réalité qui l'auraient rendue plus photogénique tout en en préservant l'essence. S'inventer un personnage, un nom, une vie. Quelques idées de noms me viennent parfois à l'esprit, comme des réminiscences d'une vie imaginaire dont le fil ce perd au fil de rencontres réelles ou rêvées: Eddy Sambola, Alex Noriega, Nathan Attallah, Oscar Valverde, Ivan Cannavaro...

Au final je n'aurai raconté dans ce blog que la réalité crue sans m'inventer de personnage, même si celle-ci n'est parfois pas loin de ressembler à une histoire de fiction, et maintenant ce sont des images qui me reviennent. A Barcelone d'abord, avant que je ne commence ce blog. Dans les ruelles du quartier gothique, aux prises avec des revendeurs de haschish qui me prenaient pour un policier en civil, à quelques pas de la Plaza Real où vivait le célèbre détective Pepe Carvalho. Sur la côte Atlantique Nord du Nicaragua ensuite, la marche de nuit sur la plage après un naufrage contrôlé, à la recherche d'une communauté Miskita parmi celles qui sont depuis quelques années aux mains des trafiquants Colombiens. C'était juste quelques jours après le crash d'un avion plein de cocaïne qui avait engendré une guerre entre les soldats de la marine et les paysans locaux. Ou encore sur les pas de l'ex-combattant de la Contra El Coyote, qui vit reclu dans la jungle de la réserve Cerro Silva, et où les métisses n'osent pas s'aventurer en raison des rumeurs sur les stocks d'armes datant de la guerre qui s'y trouveraient encore, et dont El Coyote se servirait pour chasser les intrus et éloigner les curieux. Ou encore les voyages en pirogue au fil de l'eau à travers le territoire indien Rama, les après-midis passées sur l'île de Rama Cay à regarder les matchs de base-ball féminin, assis sur le môle qui protège le parc à huitres avec une bouteille de Chicha Bruja. Enfin les ballades le long des plages de sable tantôt blanc et tantôt volcanique entre Monkey Point, point de départ du futur canal sec qui devrait un jour rivaliser avec celui de Panama, et la communauté paisible de Bangkukuk, loin très loin du tumulte des urbanisations.

Ces histoires sont parmi celles que je garderai en mémoire précieusement, une fois terminé ce chapitre qui va bientôt se clore et qui fait suite à d'autres, comme celui de mes premiers voyages en Amérique du Sud, il y a de cela déjà bien longtemps. Il est un peu tôt pour savoir où se déroulera le prochain, mais si le vent me porte dans la même direction que celle que me souffle une petite voix intérieure depuis quelques temps, alors ce sera au Sud de l'Europe, sur le chemin qui mène aux origines de l'Humanité.

23.5.10

Rythmes et Couleurs: Palo de Mayo 2010

Le temps passe, et après 3 mois au sec les nuages chargés d'électricité sont de retour, juste à temps pour le carnaval qui doit consacrer l'arrivée officielle des pluies. L'électricité descend alors du ciel pour se transmettre aux corps ruisselants et exaltés, c'est l'énergie du Palo de Mayo.

La musique vous la connaissez déjà un peu, j'en distille régulièrement quelques extraits dans ce blog à vocation multimédia. Elle peut prendre plusieurs formes, cette fois j'ai choisi celle qui me fascine le plus, la musique Punta. La musiques des Garifunas du Honduras et d'Orinoco, cette même communauté dont je parle souvent, autant en terme de travail que pour l'intérêt du lieu et de sa culture.

Et puisque l'on parle d'énergie et de musique Garifuna, j'ouvre une parenthèse pour parler à nouveau d'Orinoco, et faire la différence entre développement énergétique et développement humain. Orinoco est dotée d'un mini-réseau alimenté par un générateur diesel. Les gens disposent ainsi d'un service électrique de 12 heures par jour, enfin c'est ce que disent du moins les chiffres. L'autre face de la réalité est un taux de 50% de non-paiement des gens connectés, malgré la subvention de l'énergie dérivée du pétrole à plus de 75%.

Même si la communauté n'est pas parmi les plus pauvres de la côte, ses ressources naturelles (bois et poisson) se sont affaiblies et la mentalité de consommation s'est développée en même temps que le transport. Résultat, les gens achètent à présent leur poulet et légumes depuis Managua au lieu de les produire eux-mêmes. Pourtant, la communauté reconnait qu'elle pourrait cultiver une superficie deux fois supérieure à celle actuelle sans déforester. Mais les jeunes ne veulent plus travailler la terre, ils préfèrent conduire une panga ultra-puissante ou revendre n'importe quoi, tant qu'il y ait des gens pour y acheter. Imaginez que la plupart des jeunes y ont un téléphone cellulaire alors qu'il n'y a pas vraiment de réseau. Mais avoir un portable qui coûte plus que le salaire de ses parents, ça permet de cultiver cette image que tous les jeunes poursuivent à travers le monde.

Parfois c'est le contraire, comme par exemple dans le territoire Rama. Là-bas pas de réseau du tout ni d'électricité, donc pas de portables. En revanche, le Gouvernement Territorial indigène lui demande à ce que l'on destine les fonds internationaux au développement d'une production agricole respectueuse de leurs traditions ancestrales, ce qui ne convainc pas du tout les organismes de développement qui pensent eux plus en termes de marché et de globalisation. Et il y a ici une discussion assez intéressante. Le Gouvernement Territorial veut que les gens puissent produire leurs produits de façon traditionnelle et viable, alors que les bailleurs de fonds veulent eux développer le tourisme afin d'augmenter les indicateurs économiques du pays, notamment en développant le commerce entre la côte Atlantique et la capitale du côté Pacifique. Autrement dit, créer des devises pour que les gens puissent acheter leur poulet à Managua comme tout le monde plutôt que les aider à rendre viable l'élevage de leurs poulets et à préserver leurs traditions.

J'imagine que certains des gens qui croient en ce schéma libéral comme unique solution le font de bonne foi, en pensant que la qualité de vie se mesure uniquement en dollars. Et c'est aussi l'un des enjeux que de définir des indicateurs du développement qui ne soient pas basés sur un schéma de développement purement libéral mais sur des valeurs qui respectent les valeurs et traditions de tous les peuples et cultures.

Parfois le développement celà commence par apporter la lumière. Mais la lumière ça ne remplit pas la marmite, alors en parallèle il est nécessaire d'aider la communauté à développer des projets productifs et le transport, ce qui va lui permettre de développer un marché interne, l'organiser, pour ensuite développer un marché externe.

Et parfois comme dans le cas d'Orinoco, l'énergie existe déjà et permet d'alimenter certaines micro-entreprises. Mais il reste à les rendre rentables, et à sensibiliser les gens sur le lien entre économie et environnement. Mais de tels projets peuvent avoir un réel impact s'ils fonctionnent, transformant la communauté en une plateforme pour le développement des communautés plus petites aux alentours. On appelle celà créer un éco-système, dans lequel on cherche les complémentarités. Les petites communautés ont généralement les ressources naturelles, les grandes l'énergie et le savoir-faire pour les exploiter. Reste à faire marcher le tout, ce qui implique générealement de faire s'assoir ensemble nombre d'institutions et partenaires. C'est ce que à blueEnergy on appelle le rôle de catalysateur.

Mais revenons au Palo de Mayo. Comme tout carnaval on y trouve de tout et pour tout le monde, et le catalysateur ici c'est la musique et la danse. Et tout le monde en profite, les parents mais aussi les enfants.

Lors du carnaval, tout est permis, le but étant de s'amuser tous ensemble et d'oublier ses problèmes.

Et bien sûr pas de carnaval sans l'élection de sa Miss. Chaque comparsa qui parcicipe au Palo de Mayo élit sa candidate au titre de Miss Palo de Mayo.

Palo de Mayo c'est donc un défilé des différentes comparsas qui dure toute l'après-midi du dernier samedi du mois de mai, et sera suivi par Tululu, le lundi soir. Tululu c'est le défilé final où toute la population de Bluefields défile au son des tambours, et danse jusqu'au boût de la nuit pour remercier la déesse de la fertilité et l'arrivée de la pluie.



Et en live voilà une idée de ce que celà donne ... de nuit, puisque le défilé commence à 22 heures.



4.4.10

Yacht Design: Parte 2 - Práctica


El tiempo pasa rápido, hace apenas un mes estaba subiendo el Río San Juan para llegar a Los Chiles en Costa Rica y poder sellar mi pasaporte. De regreso a Bluefields, este mes pasado ha sido enfocado en un proyecto que seguimos negociando para las comunidades Garífunas de la Cuenca de Laguna de Perlas, antes de tomar un nuevo descanso ahora con las vacaciones de Semana Santa. Esta vez, nada de transporte comercial sino 6 días fantásticos de navegación en la bahia de Bluefields con nuestro cayuco ahora personalizado (ver diseño en el artículo anterior).

La idea era cruzar la bahía hasta llegar a Rama Cay más en el Sur, pasando antes por la isla grande que cierra la bahía, el Cayo Venado. Allí solo pasamos una noche, antes de salir corriendo por la cantidad de mosquitos, hormigas y otros insectos que nos tuvieron rascándonos todo el resto del viaje. De allí, fuimos directo a Rama Cay donde nos quedamos 5 días, con escapadas en el Cayo Misión, y en Big Point para visitar un proyecto de futura comunidad Rama.

Y como unas imágenes valen más que mil palabras, aqui va un video realizado en forma de documental por mi compañero de viaje Gringo. Es en inglés, a veces Creol-Rama y espero lo disfruten tanto como él cuando lo realizó (aprovechó para burlarse de mí bastante).




Aquí abajo está un mapa del recorrido. Las grandes flechas representan la dirección del viento predominante para cada parte del recorrido, con el color respectivo que corresponde al mismo trozo de nuestro viaje. La línea naranja indica el límite norte del territorio Rama.


Para la pequeña Historia, es interesante notar que Rama Cay es el lugar donde Colette Grinevald tuvo uno de sus primeros contactos con los Ramas. Este primer contacto fue un poco abrupto ya que ella era militante Sandinista en esta época, durante la guerra entre los Sandinistas y la Contra. Muchos líderes Ramas sin embargo fueron mercenarios para la Contra, contratados por su conocimiento del territorio y en particular del bosque. De tal manera que Colette fue hecha presa cuando llegó a Rama Cay, antes de ser liberada. Pero las cosas han cambiado mucho desde esta época, y como anécdota, Colette tuvo un día como guía para su proyecto de revitalización de la lengua Rama en la zona del Río Indio el mismo Rama que la había hecha rehén en Rama Cay años antes.

Aquí van unas de las fotos en la Isla con los niños Ramas:


Estos días en Rama Cay han realmente sido extraordinarios, y quisiera agradecer a la gente allí y en particular a la familia Macrae que nos han acogido como si fueramos parte de la familia. Aún llega muy poco turismo en la Isla, y sin embargo es probablemente la comunidad más autentica y tranquila que puedan encontrar en la Costa Atlántica de Nicaragua. Incluso en Bluefields, muy poca gente conoce la Isla, en parte por la falta de transporte comercial. Para los que estén interesados en venir a visitarla, me pueden dejar sus datos de contacto en comentario y les pondré en contacto con la misma familia que nos alojó.


Esta vez ya no hay más vacaciones previstas antes de varios meses, y el próximo evento será sin dudas el Palo de Mayo, el carnaval de Bluefields que celebra la llegada de la temporada de lluvias. Pero antes de eso, nos quedan aún buenos fines de semana soleados para disfrutar de nuestra embarcación. Y hemos prometido regresar a Rama Cay pronto ... Hasta luego entonces !

14.3.10

Yacht Design: Partie 1 - Théorie

Chose promise chose dûe, mais avant toute chose, petit cours théorique de navigation en pirogue. Notre Cayuco (Dori en créole) est une pirogue creusée dans un même tronc d'arbre d'une longueur d'un peux moins de 20 pieds, c'est-à-dire environ 5m90. L'avant et l'arrière sont fins pour bien pénétrer dans l'eau avec un minimum de frottement, la partie centrale retrouvant celle assez simple d'un tronc, même si un peu applati dans le fond.

Pas de quille ni de dérive, son franc-bord (hauteur au-dessus de l'eau) est d'à peine 10 cm, et une stabilité proche de zéro. Le mât et la bôme consistent en deux boûts de bois léger d'un peu moins de 4 mètres chacun, et la voile un grand plastique noir épais maintenu sur le mât et la bôme par du fil de pêche.

Pas de safran ni de gouvernail, pour diriger le cayuco la personne à l'arrière utilise une pagaie plaquée contre la coque sous le vent (de l'autre côté de celui d'où vient le vent). Une première difficulté est de bien orienter la pagaie - d'une main - oblique, et suffisamment profond pour pouvoir jouer un rôle entre celui de safran et de dérive à la fois.

Pour ce qui est du grément, le mât est fixé au cayuco sur l'avant, passant à travers un trou dans une traverse, et une base qui maintient le mât en place. Une écoute pour la voile est reprise sur une sorte de barre d'écoute (voir un peu plus loin) située à l'arrière. Et enfin une sorte de bastaque - qu'on appelle ici Miqueador - sert à équilibrer le cayuco. La personne à l'avant assise juste derrière le mât tient ce boot d'une main et si nécessaire s'assied sur le rebord du cayuco du côté d'où vient le vent pour contrebalancer le poids du grément et la force du vent qui tend comme sur n'importe quel voilier à donner de la gîte au bateau (inclinaison latérale). Ici, la difficulté résulte du fait de l'absence d'appendice sous la coque qui jouerait le rôle d'anti-dérive, et aussi de l'extrême étroitesse de la pirogue (50 cm max).

La personne à l'avant a le rôle d'équilibrer le bateau, en jouant avec son poids, et en s'aidant du Miqueador qui est fixé à la partie haute du mât. A l'extrême, par vent important il peut se retrouver à faire du rappel comme sur un catamaran, avec toutefois la stabilité latérale d'un catamaran en moins. La personne à l'arrière a le double rôle de barrer avec une pagaie, et de gérer l'écoute de la voile. Cette écoute vient sur une espèce de barre d'ecoute, qui ici consiste simplement en une corde traversant le cayuco (derrière le barreur) fixée de chaque côté. L'écoute est fixée sur cette corde par un noeud qui lui permet de coulisser et passer d'un côté à l'autre du cayuco, en fonction de l'amûre (côté duquel vient le vent).

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, on peut virer de bord avec ce type de pirogue, même si ce n'est pas très facile. Virer de bord c'est changer d'amûre en passant fasse au vent. Le barreur pousse sur sa pagaie comme il le ferait sur un gouvernail pour remonter face au vent. Une fois le vent de face, la voile n'a alors plus d'effet et fasseye. Le barreur n'est alors plus barreur mais pagaye cette fois réellement pour faire virer le cayuco et faire passer la voile et le vent de l'autre côté. Une fois réussi (ce n'est pas franchement facile de faire virer une pirogue de presque 6 mètres avec du poids à l'avant et une seule pagaie à l'arrière), la voile reprend le vent normalement et chaque équipier son rôle normal.

Pour être complet, je n'ai pas vu de cayuco empanner, c'est-à-dire virer avec le vent par l'arrière, sans doute car le peu de stabilité incite à éviter tout à-coup, ce qui n'est pas simple lors d'un empannage. En fait, ce qu'ils font est de faire passer la bôme par l'avant du mât, ce qui n'est bien sûr pas possible sur un voilier moderne, mais qui ici se fait sans encombres et en douceur.

Bon, tout çà c'est la théorie. Et çà devient clair - de même que les linitations de l'équipage - une fois que l'on met le cayuco à l'eau et que l'on commence à mettre la théorie en pratique. Disons que pour l'instant on s'entraine où il n'y a pas trop de fond, et où il est possible de monter dedans facilement. L'exercice ressemble pas mal à celui de faire ses premiers bord en planche à voile. Peu d'équilibre ni de place, et le vent qui tend à pousser le mât à l'eau avant que vous n'ayez réussi à le mettre en place. Sauf que dans ce cas, le mât est fixé au cayuco, et si le mât penche trop d'un côté c'est le cayuco entier qui chavire.

Pour terminer, et pour ne pas laisser la fausse impression que tout celà n'est finalement pas si compliqué, plusieurs pêcheurs professionels nous ont soufflé que tous les pêcheurs avec un petit cayuco comme celui-ci passent eux aussi régulièrement à l'eau. Donc pas de complexes à avoir, et ici tout le monde est toujours prêt à donner un coup de main et quelques précieux conseil. Alors en avant et ... à l'eau !

En même temps, nous avons commencé à réfléchir sur de possibles améliorations. Un pêcheur Rama qui nous a donné un coup de main pour nos premiers bords nous a confié que notre cayuco est dessiné pour aller très vite, peut-être même un peu trop pour un autre usage autre que celui de se faire simplement plaisir. C'est un peu ce qu'il se passe si vous achetez une planche à voile de compétitition. Vous en êtes très fier quand vous venez de l'acheter, mais déchantez quand vous vous rendez compte que quand vous montez dessus elle coule aussitôt et nécessite un niveau technique bien supérieur à une planche normale.

Donc, après quelques chavirages et réflexions sur le problème on en est venus à étudier une solution pour le rendre à la fois plus stable (moins sauvage, ou moins jaloux comme ils disent ici) et encore plus rapide. Celà a été l'occasion de discussions et joutes techniques entre l'équipe actuelle (le cayuco a été acheté par 3 volontaires, dont moi) et quelques locaux dignes de l'America's Cup. Ci-dessous deux possibles designs à l'étude. Au final, mes essais incertains avec Westlawn n'auront peut-être pas été complètement vains ... Pour info, j'ajoute aussi quelques uns des calculs, très approximatifs mais pour donner une idée du dimensionnement du flotteur latéral. Bien sûr toute suggestion et apport technique est le bienvenu !!

Evidemment on pourrait envisager une dérive, mais fabriquer un puit de dérive n'est pas simple, et le cayuco a déjà peu d'espace. Et puis dans la baie de Bluefields la profondeur n'excède parfois pas 30 cm, ce qui obligerait à avoir un design spécial pour que la dérive puisse remonter sans dommages en cas de choc avec l'un des objets hétéroclites qui peuplent le fond de la baie. Il est donc plus vraisemblable que l'on essaye d'optimiser l'utilisation de pagaies pour compenser l'effet de dérive. Une difficulté toutefois avec l'utilisation d'une pagaie comme dérive est la nécessité de l'utiliser et donc de se placer sous le vent, où celui-ci la plaque contre la coque, alors que la contre-gîte nécessite de se placer de l'autre côté. Et la répartition des poids est la chose primordiale à doser ici, comme sur un dériveur léger.

Les photos et vidéos arrivent ! A l'heure où je termine d'écrire cet article, je rentre juste d'une petite semaine de navigation dans la baie de Bluefields et les vidéos sont déjà au montage. La deuxième partie de cet article devrait donc être prête d'ici une semaine, et sera en espagnol. La plupart des vidéos seront elles en anglais, ou en Créole-Rama puisqu'elles ont été réalisées autour de l'île de Rama Cay, où vivent la plupart des Ramas. Un voyage extraordinaire, mais je n'en dis pas plus avant de dévoiler les images...

28.2.10

Au fil de l'eau

Si je devais deviner mes éléments zodiacaux, je parierais sur l’air et l’eau. L’air pour le ciel et les étoiles – ici ce n’est pas ce qu’il manque avec ma bande d'insouciants volontaires, et aussi parce que les belles nuits étoilées sont l’un des rares luxes des zones où l’électrification n’est encore qu’un lointain rêve. Et l’eau parce que forcément. D’ailleurs c’est tellement évident que si je l’avais su plus tôt, d’abord j’aurais débuté la voile et la plongée plus tôt, et ensuite je n’aurais pas perdu autant de temps à essayer de ne pas me mouiller.

Et ici je ne fais que çà, en panga ou dans le travail, ce qui dans la vie normale – c’est-à-dire dans un pays où rien ne fait défaut – se ferait les pieds au sec, ici se termine invariablement mouillé jusqu’au cou. Parfois c’est le pays qui a décidé de vous en faire découdre avec vos convictions de petit bourgeois (ce à quoi je finis ici parfois à me comparer), soit ce sont les volontaires qui vous renvoient dans vos derniers retranchements, le mur séparant vie privée et travail n’existant pas ici pour s'y retrancher. Soit enfin c’est l’eau qui vient à vous quand vous vous y attendez le moins, comme la septième vague que connsaissent bien les marins, ou comme dans l'histoire du pêcheur que je racontais dans le dernier article et qui s'est retrouvé retranché dans son bateau, suspendu au-dessus d'une petite île balayée par une tempête.

Parfois cette expérience de volontariat me rappelle un peu l’armée, à la différence près qu’à l’armée je suis sorti avec le même grade que celui avec lequel j'étais entré, alors qu'ici j'ai acquis en peu de temps un grade de baby-sitter en chef avec des responsabilités aussi réelles que ne l'étaient les géants de Don Quichotte (je me demande parfois comment Don Quichotte aurait appelé sa monture si celle-ci avait été un bateau).

Même si j’arrive à me libérer de ces responsabilités de temps en temps, le temps d’un voyage au fil de l’eau, pas question ici de s’éloigner trop longtemps. Cette semaine s’achève après la remontée du troisième grand fleuve et réserve naturelle de la côte, le Rio San Juan. Pour y arriver, un voyage dans une panga plus volante que flottante, bolide propulsé par deux moteurs V6 sommant 450 CV. Pour la petite anecdote, 450 chevaux est égal à environ 350 kW, ce qui représente 10 fois la puissance consommée par le générateur diesel de la communauté Garifuna d’Orinoco, qui compte entre 1000 et 2000 habitants.

Ce petit parallèle cocasse à part, ce n’est pas moi qui me plaindrai de me retrouver à nouveau entre ciel et mer, même si à choisir j’aurais volontiers préféré faire le voyage avec mon cayuco enfin gréé (photos à venir) – nettement moins bruyant et plus romantique même si un tantinet moins rapide.

Cette cavalerie rugissante nous a amenés en un temps record à la communauté de San Juan del Norte, alias Greytown. Cette communauté ne se distingue par aucun intérêt particulier - se trouvant trop près du Costa Rica dont les touristes font grimper les prix et dégringoler la qualité de l’accueil – si ce n’est par son histoire. Le nom anglophone de Greytown date de l’époque où la communauté a été fondée, sous la domination des anglais et américains.

Cette période comprise entre le 17ème et 19ème siècle correspond à celle des pirates comme Henry Morgan puis de l'amiral britanique Nelson qui ont tous les deux laissé leur trace dans le coin. Greytown était l’entrée de cette voie unique qui permettait de rejoindre le lac Nicaragua et la riche ville coloniale de Granada. D’ailleurs, le même fleuve a été le point de départ de plusieurs projets de canaux transocéaniques qui devaient finalement connecter le lac de Nicaragua à l'ócéan Pacifique. Finalement c'est le projet du canal du Panama qui a vu le jour.

A Greytown, l’unique endroit valant la peine d’un court détour est sans doutes le cimetière de l’ancienne ville, qui fut détruite et brûlée durant une autre période tourmentée – celle de la guerre de la Contra – période d'un autre genre de pirates dont le plus connu s'appelle Ronald Reagan. Depuis, la communauté a été reconstruite un peu plus haut, sur le Rio Indio – fleuve qui a donné son nom à la réserve dans laquelle on trouve une autre communauté Rama du même nom.

Depuis Greytown, nous avons pris un bateau lent pour suivre les traces de ces valeureux pirates, bateau qui après 8 heures d’une remontée laborieuse en raison du bas niveau du fleuve, nous a laissés au petit village de El Castillo.

Là-bas, petite visite guidée du fort (chinoiserie de mon camarade de voyage, le même avec qui j’avais exploré la RAAN), avant de prendre cette fois une panga plus rapide pour rejoindre la petite ville non moins charmante de San Carlos.

J’avais déjà été séduit une première fois par cette ville, à l’embouchure du fleuve San Juan et du lac Nicaragua, d’où l’on peut contempler de somptueux couchers de soleil avec l’archipel de Solentiname ainsi que l'île d'Ometepe et ses deux volcans Concepción et Maderas pour toile de fond.

Je passe sur le retour à Bluefields (par la terre pour avoir raté le ferry qui traverse le lac de Nicaragua, de San Carlos à Granada), pour sauter directement à la semaine sainte de Pâque, c'est-à-dire dans le futur. Au programme, de l'eau encore, avec avant celà quelques semaines d'intense préparation de notre fière embarcation et de son expérimenté équipage pour - en principe - réaliser une traversée à la voile de la baie de Bluefields en direction du sud pour rejoindre la petite île de Rama Cay, et peut-être remonter ensuite la rivière Kukra à l'intérieur du territoire Rama, à la rame cette fois. A suivre donc...

Mais avant de terminer cet article, une petite vidéo de la fête qui vient d'avoir lieu à Bluefields pour l'élection de Miss Bluefields au titre de Miss Nicaragua 2010, première femme noire à être élue dans l'histoire du concours au Nicaragua. Pour la petite histoire, la candidate est la soeur d'un chanteur local que je connais bien, et le moins que l'on puisse dire est qu'elle porte à merveille le diadème de la beauté Bluefileña et Costeña ...

16.1.10

Lost in translation - Part 2


A veces la vida nos sorprende por el rumbo que toma o como se combinan las cosas. Normalmente me dirigía hacia el Sur para unas vacaciones tranquilas en buena compañía. Al final, y sin que pudiera hacer mucho en otro sentido, me fui para el Norte para unas vacaciones de las más movidas e improvisadas que había tenido hasta ahora. Al Norte de Bluefields se encuentra la Cuenca de Laguna de Perlas, donde había viajado unas veces para el trabajo pero también para pasar unos días en una de las partes más ricas culturalmente de la Costa. Pero que hay más al Norte de esta laguna ? Comunidades entre las más aisladas de todo el país, mayoritariamente pobladas por Miskitos. En el medio entre las dos ciudades de la Costa que son Bluefields al sur (RAAS) y Puerto cabezas al norte (RAAN) se encuentra la desembocadura del Río Grande.

Imagino que por su aislamiento, esta zona es la mejor preservada que había visitado hasta ahora. También debe ser debido a los Miskitos que la habitan (como en toda la RAAN y hasta la Costa de Honduras), quienes pescan más que cultivan la tierra. También se nota el aislamiento por el idioma, ya que allí y hasta más al norte se encuentran personas que sólo hablan Miskito (de allí el título del artículo). Al final, este viaje fue un descubrimiento completo. Imagínense monos y cocodrilos en los ríos, llanos naturales por el interior que separan bosques primarios. Más arriba de la Laguna de Perla ya no se encuentran carreteras pavimentadas hasta la frontera con Honduras formada por el Río Coco. Sólo la calle principal de ciertas pequeñas ciudades del interior están pavimentadas, el resto son pistas de tierra.

El Río Coco es donde culminó nuestra exploración hacía el Norte. Yo estaba con mi pasaporte nuevo - después de haber sido robado en Managua - aún no estampado por el servicio de inmigración. Por esta razón y también porque desde Waspam donde llegamos, se pueden encontrar cayucos para ir en las comunidades del Río Coco, pero es mucho más difícil encontrar una para volver. Por estas razones, no hemos ido a navegar sobre este Río que forma la frontera con Honduras. Pero la gente dice que es comparable al Río San Juan al Sur que forma la otra frontera de Nicaragua con Costa Rica. En el Río San Juan se encuentra el parque de los Guatuzos, y en el Río Coco la biosfera de Bosawas. Ambos parques son conocidos como entre los más importantes de Centroamérica. Estos dos Ríos, junto con el Río Grande en medio son una excelente muestra de la riqueza biológica de la Costa Atlántica de Nicaragua.

De Bluefields, subí hasta el Rio Coco con un amigo Gringo, otro voluntario (juntos compartimos buena parte de las responsabilidades organizativas de blueEnergy) que como yo adora la Costa. Él la considera como la "última frontera", yo más bien como un punto de partida. De hecho, la Costa exporta gente y recursos naturales, pero en el otro sentido lo que llega son más bien problemas, muchas veces desde la misma Naturaleza, salvaje en todos los sentidos de la palabra en esta zona del mundo. En 2007 el huracán Felix arrasó la RAAN, dejando inmensas zonas de llanos entre Puerto Cabezas y Waspam como un desierto de arboles rotos a un metro del suelo. En 2009 fue Cuba con dos huracanes sucesivos entre los más violentos de la Historia, y ahora fue Haiti.

Hablando de desastres naturales, un día que estábamos en Tasbapauni un pescador nos contó una historia que se parece de manera extraña a un cuento de Jack London que justamente estaba leyendo en este momento. Recuerden que hace unos meses, Ida un huracán de menor violencia pasó por la Costa, inundando a la isleta de Corn Island, los Cayos Perla y la Desembocadura del Río Grande. Esta persona se encontraba este día en los Cayos con su panga para pescar langosta y no pudo ser alertado. Con la baja presión del huracán, el nivel del mar subió hasta llegar a un metro encima del nivel de los cayos, y con vientos de 100 kilómetros por hora él tuvo que atar su panga junta a otras ocho pangas de pescadores atrapados como él, y por fin amarrarlas a unas palmeras sobre uno de los cayos inundados para poder resistir el asalto de las olas que rompían alrededor de ellos. No hubo muerto, pero asusta pensar en lo que habría pasado con vientos más fuertes.

Los Miskitos viven de manera muy sencilla, todos o casi son católicos, a su manera. Su historia común con los Ingleses y Norte-Americanos refleja un cierto "pragmatismo". Es decir, son lo que les conviene que uno piense que son, y al final no hacen realmente lo que uno pensaría que hicieran si fuesen lo que dicen que son pero ... suena complicado ? Pregunten aquí en la Costa quién les entiende y verán que por algo será. En todos casos, el idioma Miskito es muy agradable de escuchar, y si tuviera tiempo me encantaría aprenderlo. Además, dicen que ha incorporado bastantes palabras de Inglés, lo que puede ayudar un poco.

Se dice que el Gobierno Sandinista no hace mucho para la Costa, pero sí, un poquito hace y más que todos los anteriores que ellos no hicieron nada. Los Sandinistas han creado la Ley de Autonomía después de la revolución, y parece que desde entonces existen cantidad de deudas políticas mutuas con la Costa. En el caso de los Garífunas de la Cuenca de Laguna de Perla es una deuda del gobierno ya que fueron los únicos - o casi - que apoyaron la revolución desde la Costa. En el caso de los Miskitos es más bien el contrario, y el partido independista Yatama - muy presente y activo en la RAAN - es un símbolo de la oposición que existió durante la época de la Contra a los Sandinistas. Sería un poco simplista pensar que podría ser la razón principal para la cual las comunidades de la desembocadura del Río Grande sólo cuentan con 3 horas de servicio eléctrico mientras Orinoco - la principal comunidad Garífuna en Nicaragua - tiene 8 y pronto tendrá 16 horas de servicio (las 5 comunidades de la desembocadura representan como 3 veces la población de Orinoco). Pero algo podría tener que ver.

Desde Waspam nos tocó un bus que hizo el viaje épico para regresar a Puerto Cabezas, con lodo que entraba por el piso hecho pedazos por la oxidación, faltaba la mitad de los asientos, y para colmo perdimos la transmisión más de 5 veces en camino. Pero en todos casos, es fácil calcular tiempos en la RAAN, la velocidad promedia en toda esta parte del país es de 20km/h.Como lo decía antes, sólo se encuentran pistas de tierra para viajar por la RAAN, y así fue para mí hasta llegar a Rio Blanco que ya es parte del departamento de Matagalpa. De regreso en Puerto Cabezas nos habíamos separado con este amigo Gringo, él regresó por la misma Costa en pangas hasta Bluefields, mientras yo quería volver por el centro pasando por Río Blanco. No sé al final que es menos confortable, si la panga por mar o el bus por pistas de tierra en época de lluvias.


Pero el bus por lo menos es seguro cuando se estropeé. Nos pasó con una panga entre la Desembocadura del Río Grande y Puerto Cabezas, y con mar formado la posibilidad que una ola la volqué no parece tan descabellada. De hecho, pasa a veces y cuando la panga está llena de mercancías (es el único medio de transporte en ciertas comunidades) y bebes, entonces puede representar cierto peligro.

Noten que en esta zona de la Costa, es más probable que le pasé algo si va caminando por la playa solo que si viaja por panga. De hecho, una chica - Francesa parece - nos precedía y pudimos seguir su historia por lo que nos contaba la gente de ella. Todos estaban muy preocupados porque viajaba sola, y al final parece que sí le pasó algo. No sabemos los detalles, pero esperemos que por lo menos llegó bien a Puerto Cabezas. Como lo explicaba en el artículo anterior, esta zona fue el teatro de una mini-guerra entre ejército y narcos, y es un punto clave del tráfico. Para más detalles lean este artículo de El País.

La verdad es que el interés que representaba conocer esta zona compensó con creces el posible peligro que se pudo sentir en algunas ocasiones del viaje, pero al final estaba contento de volver por el interior. La razón principal por volver por el interior era parar en Río Blanco donde está ubicada una organización llamada Agua Para la Vida, con quién estamos intentamos desarrollar un proyecto de bombeo y distribución de agua para la comunidad de Monkey Point. La zona es muy linda, similar a Matagalpa con montañas bellas, cascadas y muchos caminos que permiten explorar rincones poco conocidos del país. Realmente es la ciudad más agradable por su tranquilidad que visité en toda Nicaragua, un punto ideal donde quedar un tiempo, tal vez montar algo de turismo.

Termino este artículo con algo que volveré a comentar en artículos posteriores. Justo ahora que regresamos todos de vacaciones para dar la bienvenida a la nueva promoción de voluntarios recién llegados (7 al total), fueron aprobados dos proyectos importantes en los cuales participará blueEnergy durante los dos próximos años, uno en el territorio Rama y el otro debería tener lugar precisamente en la desembocadura del Río Grande. A seguir mientras se definan los detalles y se confirmen las actividades previstas ...

Aún asi, es hora de celebrar, felicidades al equipo y que ustedes que están leyendo disfruten de la música (si tienen sonido) ! Al volver en Bluefields, el amigo con quien viaje por el Norte y yo coincidimos en que no hay otro lugar como Bluefields para la música. Aqui se encuentra sencillamente una de las mejores músicas del mundo compuesta de salsa, dancehall, socca, reggae soul, punta y música Miskita. A disfrutar entonces !

9.1.10

Lost in translation - Part 1

Avant de commencer à lire, merci de bien vouloir vérifier que vous avez branché le son et monté suffisamment le volume. C'est fait ? Ok, alors c'est parti. J'en étais resté à vous souhaiter de bonnes fêtes avant de partir pour Managua, direction le Panama et la Colombie. Sauf que sur le chemin de la gare de bus je me suis fait braquer par 3 types avec un couteau qui avait tout d'une machette. Résultat, plus de carte de crédit ni passeport ni affaires. La situation avec le recul me fait repenser à l'un des premiers articles de ce blog dans lequel je prenais un malin plaisir à décrire la sensation de légèreté pour ne rien avoir dans les poches, ni clés ni portable etc ... Et bien cette fois-ci c'était un peu la même chose mais en moins agréable !

Du coup, retour à Bluefields après une brêve halte à l'ambassade pour obtenir un nouveau passeport. Je suis arrivé à Bluefields pour noël, pas mécontent au final de le passer à Bluefields où les fêtes de fin d'année sont l'occasion de bien belles fêtes ambiance familliale. Et après avoir emprunté à droite et à gauche un peu d'argent, départ à nouveau mais cette fois direction le nord. J'avais pu récupérer un nouveau passeport, mais perdu mon vol pour la Colombie et billets de bus pour le Panama. Et comme un autre volontaire avait prévu un voyage qui était mon plan B original, on est donc partis ensemble pour des vacances improvisées dans la RAAN.

Au final, j'avais prévu de passer noël à Bogota et le nouvel an à Panama, noël aura été à Bluefields et le nouvel an naufragé quelques-part au milieu de nulle part. Mais n'allons pas trop vite. On a d'abord pris une panga depuis Bluefields pour Tasbapauni, une communauté Créole et Miskita où j'étais déjà passé brievement avec blueEnergy, au large de la Lagune de Pearl Lagoon. Très sympa, très jolie, les gens y sont paisibles et passionés de Baseball comme sur le reste de la Côte. Nous avons eu le privilège d'y assister à la fois à un chouette tournoi féminin, et à une belle prise d'un requin Tigre d'environ 4 mètres de long.

Les tortues de mer sont aussi des prises courantes, la plupart venant se reproduire dans l'embouchure du Rio Grande. Une nuit où nous étions à Tasbapouni, environ une cinquantaire d'entre elles ont été capturées. Les agents de la Marine présents dans la communauté vérifient la taille (1 mètre de long minimum environ), et les femelles en principe ne peuvent être pêchées. Pour être complet, les tortues attrapées sont des tortues vertes, et apparemment ce sont les Carey qu'il est interdit d'attraper. Tout celà est-il vraiment respecté ? J'en doute plutôt, même s'il est toujours dur d'en juger en tant qu'étranger.

Les tortues une fois rapportées dans la communauté sont ensuite gardées vivantes sur le dos jusqu'à être dépecées et vendues.

A Tasbapauni, on trouve peu d'activités mais on y pratique quelques sports, la preuve en photos ci-dessous (j'avais dit que les Nicas adorent la boxe):

Un match de Baseball féminin ambiance bonne enfant:


Une photo du cimetière ci-dessous montre les différences de niveau social - assez troublantes - certaines personnes n'ont pas les moyens de payer une pierre tombale, ne serait-ce qu'un bloc de ciment. Le cimetière reste pourtant très bien entretenu, les gens étant très religieux dans ce coin.

Depuis Tasbapauni, nous avons pris une nouvelle panga pour rejoindre la Desembocadura del Rio Grande, à la limite entre RAAS et RAAN (Régions Autonomes Atlantique Sud et Nord). Cette fois on est en territoire Miskito. On y parle quasiment exclusivement Miskito, et un peu d'Ulua. L'une des personnes que l'on a connues le jour du tournoi de Baseball et dont la soeur est la vice-mairesse de Pearl Lagoon nous a emmenés à Kara où elle avait de la famille. Kara est une petite communauté au bord du Rio Grande, d'où il est possible de rejoindre Karawala, la communauté principale de la zone avec Sandy Bay Sirpi.

Les gens cultivent du riz dans ces communautés de l'embouchure du Rio Grande. Ci-dessous le séchage et ensuite passage au pilon pour enlever l'enveloppe.


Nous sommes entre temps passés par la Barra de Rio Grande, une autre communauté située juste à l'embouchure du fleuve, où nous avons changé de bateau pour rejoindre Karawala dans une pirogue cette fois.

A Karawala nous avons trouvé un chouette guide, Ferdinand (Fernando) qui nous a accompagnés pour une petite marche à travers la Savanne (c'est comme çà qu'ils appellent ce coin qui effectivement resemble étrangement à la Savanne Africaine) jusqu'à la petite communauté de Walpa où nous avons pris une autre pirogue pour rejoindre Sandy Bay Sirpi par une petite rivière. La zone est très belle et bien préservée. Nous y avons vu un petit crocodile et quelques singes autour de la rivière. Sandy Bay Sirpi est la plus grande communauté du coin avec plus de 3000 habitants. Les communautés sont reliées par un réseau électrique alimenté par un générateur électrique qui fournit seulement 3 heures d'énergie par jour. Des rumeurs de projet hydro-électrique pour ces communautés courent mais il est toujours difficile ici de séparer runeurs de projets réels.

Nous sommes restés 3 jours à Sandy Bay Sirpi, en attente d'une panga pour Puerto Cabezas, la ville principale de la RAAN. Au programme, 5 heures de panga dans une mer formée pour au final finir naufragés sur la plage ! Le moteur est tombé en panne, et nous avons donc fini le chemin à pied, une heure et demi de marche de nuit sur la plage pour rejoindre la petite communauté de Wawa. Avant celà je mentionne juste une très belle communauté où nous avons fait escale (volontaire celle-là): Wouhnta.


C'est sans doute la plus belle des communautés que j'aie visitées au Nicaragua, mais comme beaucoup des petites communautés de cette partie de la côte, tout projet touristique est impensable en raison de l'insécurité qui y règne. Peu de temps avant que l'on arrive dans la zone avait eu lieu une mini-guerre entre l'armée et les narco-traffiquants et les gens qui les soutiennent (c'est-à-dire à peu près tout le monde dans ces communautés). Pour ceux qui parlent espagnol, je vous mets un lien du journal El País qui en parle.

Nous sommes arrivés à Wawa de nuit, vers 19 heures, à l'heure où tout le monde sortait à la messe pour le nouvel an. Il faut dire que dans cette communauté Miskita comme dans pas mal d'autres on y donnait des messes toute la journée en ce réveillon de nouvel an, et les gens y assistent avec autant de ferveur qu'ils se livrent au Rhum ensuite. Il est vraiment dur de se faire une opinion sur les Miskitos, ils sont pour le moins durs à cerner et on est pour ainsi dire au royaume des faux-semblants. Pour résumer, dans la pupart des communautés Miskitas que nous avons visitées, la moitié des gens sont extrêmement accueillants et bienveillants, et l'autre moitié sont plutôt cinglés, avec parmi eux bon nombre qui se promèment armés. La drogue qui transite presque librement et l'alcool n'aident pas. Toujours est-il que la personne qui a accepté de nous loger à Wawa nous a fortement déconseillés de sortir trop tard, et le lendemain nous avons compris pourquoi. Cette personne d'ailleurs était juge, et a passé la nuit complète à vomir ses tripes à quelques pas de nous. Je passe sur d'autres personnages que nous y avons rencontrés, mais chacun mériterait bien un article à part entière.

Enfin, après avoir écouté bon nombre de commentaires sur l'histoire de la mini-guerre avec les narco-traffiquants, on a appris qu'environ une tonne de cocaïne flottait dans le coin, ce qui rendait les gens un peu nerveux, et nous n'avons pas attendu plus pour finir notre périple vers Puerto Cabezas. La ville est la capitale de la RAAN, et n'a pas vraiment d'intérêt en soit. C'est ce que nous avons découvert en arrivant le premier janvier pour trouver une ville vide, tout le monde ayant décidé d'aller s'oxygéner vers les plages en dehors de la ville, les poches vides après avoir dépensé les derniers cordobas en rhum et feux d'artifice.

Nous y avons rencontré l'ancienne maire, qui en plus de nous avoir offert des T-shirts de Yatama, le parti politique indépendantiste Miskito dont elle est membre, nous a gentiement offert de nous emmener dans son pick-up jusqu'à Waspam, au bord du Rio Coco à la frontière avec le Honduras et faisant partie de la Biosphère de Bosawas. Sur la route que des pins Caribea, dont la plupart n'ont que quelques années, le coin ayant été complètement ravagé par l'ouragan Félix en 2007. Waspam est une petite ville bien agréable, dans un très beau coin mais où rien n'existe pour développer le tourisme, aucune infrastructure. Dommage car on espérait pouvoir rejoindre à nouveau la côte mais par une toute petite piste (pas de routes goudronées dans la RAAN) qui débouche sur une communauté au nord appelée Bismuna. Mais seuls quelques camions en viennent de temps en temps, et cette fois aucun à l'horizon. Les vacances touchant à leur fin déjà, nous avons décidé de retourner à Puerto Cabezas pour y retrouver une amie Nicaraguayenne qui y travaille pour Médecins du Monde. Ensuite, l'autre volontaire a rejoint Bluefields par la mer à nouveau, et moi par l'intérieur via Managua.

Cette fois les vacances sont bien finies, et je vais à présent pouvoir commencer à renouveler ma garde-robe ... pour la deuxième fois ! On dirait que le Nicaragua s'acharne à me défaire de tout concept de propriété. Heureusement la vie en communauté a du bon de ce côté car elle permet d'enprunter les vêtements d'autres volontaires. D'ailleurs je crois que j'ai perdu plus d'affaires comme çà qu'à travers les vols que j'ai subis depuis que je suis ici. Et puis après tout, mieux vaut être pauvre mais sous les Tropiques comme disait la chanson !