Et ici je ne fais que çà, en panga ou dans le travail, ce qui dans la vie normale – c’est-à-dire dans un pays où rien ne fait défaut – se ferait les pieds au sec, ici se termine invariablement mouillé jusqu’au cou. Parfois c’est le pays qui a décidé de vous en faire découdre avec vos convictions de petit bourgeois (ce à quoi je finis ici parfois à me comparer), soit ce sont les volontaires qui vous renvoient dans vos derniers retranchements, le mur séparant vie privée et travail n’existant pas ici pour s'y retrancher. Soit enfin c’est l’eau qui vient à vous quand vous vous y attendez le moins, comme la septième vague que connsaissent bien les marins, ou comme dans l'histoire du pêcheur que je racontais dans le dernier article et qui s'est retrouvé retranché dans son bateau, suspendu au-dessus d'une petite île balayée par une tempête.
Parfois cette expérience de volontariat me rappelle un peu l’armée, à la différence près qu’à l’armée je suis sorti avec le même grade que celui avec lequel j'étais entré, alors qu'ici j'ai acquis en peu de temps un grade de baby-sitter en chef avec des responsabilités aussi réelles que ne l'étaient les géants de Don Quichotte (je me demande parfois comment Don Quichotte aurait appelé sa monture si celle-ci avait été un bateau).
Même si j’arrive à me libérer de ces responsabilités de temps en temps, le temps d’un voyage au fil de l’eau, pas question ici de s’éloigner trop longtemps. Cette semaine s’achève après la remontée du troisième grand fleuve et réserve naturelle de la côte, le Rio San Juan. Pour y arriver, un voyage dans une panga plus volante que flottante, bolide propulsé par deux moteurs V6 sommant 450 CV. Pour la petite anecdote, 450 chevaux est égal à environ 350 kW, ce qui représente 10 fois la puissance consommée par le générateur diesel de la communauté Garifuna d’Orinoco, qui compte entre 1000 et 2000 habitants.
Ce petit parallèle cocasse à part, ce n’est pas moi qui me plaindrai de me retrouver à nouveau entre ciel et mer, même si à choisir j’aurais volontiers préféré faire le voyage avec mon cayuco enfin gréé (photos à venir) – nettement moins bruyant et plus romantique même si un tantinet moins rapide.
Cette cavalerie rugissante nous a amenés en un temps record à la communauté de San Juan del Norte, alias Greytown. Cette communauté ne se distingue par aucun intérêt particulier - se trouvant trop près du Costa Rica dont les touristes font grimper les prix et dégringoler la qualité de l’accueil – si ce n’est par son histoire. Le nom anglophone de Greytown date de l’époque où la communauté a été fondée, sous la domination des anglais et américains.
Mais avant de terminer cet article, une petite vidéo de la fête qui vient d'avoir lieu à Bluefields pour l'élection de Miss Bluefields au titre de Miss Nicaragua 2010, première femme noire à être élue dans l'histoire du concours au Nicaragua. Pour la petite histoire, la candidate est la soeur d'un chanteur local que je connais bien, et le moins que l'on puisse dire est qu'elle porte à merveille le diadème de la beauté Bluefileña et Costeña ...